Alex et Jess* quêtent ensemble au métro Radisson depuis près d’un an. Ils dorment dans un abribus et se mettent au chaud quand ils le peuvent. Les deux acolytes se sont rencontrés dans la rue et, de fil en aiguille, sont devenus amis puis amants.

Ce couple, c’est à travers un soutien mutuel qu’il prend forme : Alex a toujours eu de la misère à se gérer. Il est souvent pris avec des crises de colère que Jess sait calmer. Elle sait s’y prendre. Et au-delà des urgences du quotidien : manger, dormir au chaud, s’habiller, se protéger… Alex et Jess ne manquent pas de libido. Une sphère de la vie de couple des gens de la rue largement oubliée, écartée, invisibilisée.

Des couloirs universitaires à ceux des hébergements d’urgence, L’Itinéraire a couru les témoignages ; ceux des intervenants, des itinérants, des scientifiques, puis des politiques pour comprendre la santé sexuelle des personnes en situation d’itinérance au-delà des risques liés aux infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS), VIH, grossesses non désirées ou encore aux violences sexuelles.

Quand on demande à Jess et Alex comment ils se débrouillent pour se donner de l’affection, eh bien, c’est exactement ce qu’ils répondent : « On se débrouille ! »

Encadrer l’intimité

Des couples qui vivent dans la rue, il y en a de plus en plus. Mais les refuges d’urgence, en plus de ne pas avoir été pensés pour eux, ont peu de places qui leur sont réservées, témoignent les intervenants rencontrés dans plusieurs refuges mixtes gérés par le CAP St-Barnabé et Mission Old Brewery.

* Prénoms fictifs

Vous venez de lire un extrait de l’édition du 15 février 2024. Pour lire l’édition intégrale, procurez-vous le numéro de L’Itinéraire auprès de votre camelot ou abonnez-vous au magazine numérique.