Pourquoi une édition tête-bêche avec deux pages couvertures? C’est bien simple, on voulait consacrer notre Une à une personne que nous tenons tous et toutes en très haute estime, ici à L’Itinéraire : Monsieur Paul.

Paul Bergeron est notre cuisinier au Café de L’Itinéraire. Du moins, il le sera pour quelques jours encore. C’est lui qui concocte de bons petits plats pour nos camelots et employés. Et contrairement à ses homologues en établissements, la planification des repas se fait le jour ouu0300 il reçoit les denrées de chez Moisson Montréal en début de chaque semaine. C’est toujours à la fortune du pot!

Monsieur Paul fait toujours preuve d’imagination et de débrouillardise avec ce qu’il trouve dans les bacs que lui rapporte Pierre Tougas, le responsable du Café. Il diversifie les repas selon les arrivages de viande et de poisson. Il récupère les fruits et légumes rejetés, mais qui sont encore parfaitement bons. Il prépare les mets chauds ou à congeler tout en supervisant et en dispensant des instructions aux participants PAAS-Action* dont il a la charge. Il gère les aliments efficacement et s’assure qu’il n’y a pas de pertes.

Il fait ça cinq jours par semaine, de 7h30 jusqu’à 15h et parfois même jusqu’à 17h… Et, vous l’ai-je mentionné? Il fait ça tout à fait bé-né-vo-le-ment! Et ce, depuis 10 ans! Mais Monsieur Paul s’en va, à notre plus grand désarroi, bien que nous comprenons tous sa décision.

Un retraité qui prend sa retraite

Monsieur Paul a fait carrière pendant des décennies comme inspecteur en aliments pour le gouvernement fédéral. Une fois la retraite venue, il cherchait une façon de s’occuper. C’est donc en 2011 qu’il est venu cogner à la porte de L’Itinéraire pour donner un coup de main à la cuisine. De fil en aiguille, c’est lui qui assumera le contrôle des fourneaux.

La cuisine, qu’on nommera désormais «Le Café chez Monsieur Paul», c’était son fief. En pré-pandémie, il préparait des petits déjeuners copieux pour les camelots pour leur permettre de bien débuter leur journée de vente et les sustentaient à l’heure du lunch, lorsqu’ils rentraient au bercail. Et pendant le confinement, il leur a préparé de plats congelés pour emporter, confectionnés avec amour. Il les a tous connus, les camelots et les a aimés aussi. Et ceux-ci lui ont bien rendu, avec le même respect et les mêmes égards qu’il a eus pour eux.

Vous l’avez peut-être vu, le mois dernier à l’émission l’épicerie? Johane Despins et son équipe sont venus l’interviewer et n’ont pas manqué de souligner la générosité de cet homme exceptionnel. Je lui ai dit, à notre Monsieur Paul, qu’on avait brisé le moule quand il est venu au monde. «Non, m’a-t-il répondu, mon père, ma mère, mon frère et ma sœur, on est tous comme ça». Pour lui, c’est tout à fait normal. Paul Bergeron a dit que son engagement auprès de L’Itinéraire faisait partie de son «projet de vie». «Je me suis dit que je consacrerais 10 ans à faire quelque chose et à bien le faire », dit-il.

Tu te trompes, Paul. Tu ne l’as pas bien fait, tu l’as fait de façon admirable! Merci Monsieur Paul, merci pour ce bel exemple de vie.

* PAAS-Action : Programme d’aide et d’accompagnement social.