La température fait le yoyo ces dernières semaines. Le temps doux que nous avons eu pendant une bonne partie de l’hiver a fait place à de grands froids. On attend même un redoux pendant la semaine de relâche, et au moment d’écrire ces lignes, il pleut. Un peu schizophrène le climat au Québec, surtout en raison des changements que l’on sait.

Bon, je n’écris pas pour parler de la température, mais bien de ceux et celles qui la ressentent pas mal plus que la majorité de la population qui a un toit au-dessus de la tête.

Vivre dehors l’hiver au Québec, ce n’est pas de tout repos. Il en faut de la débrouillardise pour trouver des moyens de se tenir au chaud. Les refuges débordent et refusent des gens qui font la queue pour obtenir un lit pour la nuit. Il y a bien des haltes-chaleur – dont celle de L’Itinéraire, située dans les locaux de l’ancienne brasserie Molson – des solutions temporaires qui empêchent un nombre (trop peu élevé) de personnes sans-abri de geler la nuit.

Notre halte-chaleur est certainement une oasis dans un environnement de glace. Un endroit où l’on se réchauffe, on boit un bon café, on mange une soupe chaude et un sandwich au beurre d’arachides. On peut y piquer un somme – bien qu’en position assise sur une chaise adirondack – en toute sécurité. C’est réconfortant pour tous les usagers, mais surtout pour les femmes, qui sont particulièrement vulnérables la nuit, dans la rue.

Et il y a les campements. Une solution de dernier recours pour celles et ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas dormir dans les refuges. Ces petites agglomérations de tentes, régulièrement démantelées par les autorités, sont une réponse – bien imparfaite disons-le – à un problème auquel les solutions pérennes font défaut.

Mais si, au lieu de chasser les gens qui n’ont nulle part où aller, on les aidait. Un peu comme ça se fait à Gatineau avec ce campement organisé et supervisé, avec des tentes chauffées et un accès à des intervenants. Ce campement, que notre journaliste Jules Couturier est allé visiter sur place, est une initiative d’un homme d’affaires de la région, qui n’a pas attendu après le gouvernement pour agir. Chapeau à lui qui a le cœur et les valeurs à la bonne place.

Ça me rappelle le village de mini-maisons pour itinérants à Fredericton dont on a parlé dans le magazine l’an dernier. Ce projet était aussi mis en place par un homme d’affaires.

Bien que le campement à Gatineau ait essuyé quelques critiques en raison de problèmes avec le bloc sanitaire, c’est quand même bien des gens qui ont dormi au chaud et qui ont évité des surdoses et des engelures.

L’itinérance et ses conséquences, c’est l’affaire de tous. Toute la communauté doit se sentir concernée. Et s’il y a des personnes qui sont en mesure d’aider, c’est tout à leur honneur.

Mais puisque nous les élisons, pourquoi est-ce si complexe pour les gouvernements de mettre en place des solutions durables que réclament les groupes communautaires ? On ne demande pas mieux. Ce n’est pourtant pas compliqué. Il faut juste un peu de volonté.

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