Le Groupe communautaire L’Itinéraire reconnaît être situé en territoire autochtone, lequel n’a jamais été cédé. Il reconnaît la nation Kanien’kehá:ka comme gardienne des terres et des eaux sur lesquelles les membres de L’Itinéraire se réunissent aujourd’hui. Tiohtiá:ke/Montréal est historiquement connu comme un lieu de rassemblement pour de nombreuses Premières Nations, et aujourd’hui, une population autochtone diversifiée, ainsi que d’autres peuples, y résident. C’est dans le respect des liens avec le passé, le présent et l’avenir que nous reconnaissons les relations continues entre les peuples autochtones et autres personnes de la communauté montréalaise.

J’ai toujours eu de l’admiration pour les peuples et cultures autochtones. Si plus jeune je les idéalisais et m’en faisais une représentation un peu romancée, mes rencontres, dès l’adolescence avec des ami.e.s inuit, anishnabe, mohawk, ojibway et même Coast Salish lorsque je vivais à Ottawa m’ont permis d’en avoir une idée plus réaliste. Les gens que j’ai connus étaient tous marqués par les effets du colonialisme, les pensionnats, l’exclusion. Certains d’entre eux ont sombré dans l’alcoolisme et la toxicomanie, d’autres s’en sont mieux tirés en poursuivant leurs études et en s’épanouissant dans les arts, la musique, le travail.

J’ai grandi en étant témoin des grands préjugés et injustices qu’on leur a infligés. J’ai déjà assisté impuissante et très choquée au passage à tabac d’un Autochtone vulnérable par deux policiers en pleine rue achalandée. Je partageais et je partage encore leur révolte et leur peine. J’en ai entendu des méchancetés à leur égard dans ma jeunesse, et même encore aujourd’hui, bien que les temps aient changé.

Qu’est-ce qui a changé? On est de plus en plus nombreux à avoir laissé tomber des idées reçues. Parce qu’on en sait beaucoup plus sur les peuples autochtones que dans le passé. On a appris que les Premières Nations et les Inuit forment 11 nations bien distinctes et que chacune a sa langue, ses traditions, ses particularités. On réécrit tranquillement les livres d’histoire truffés de stéréotypes pour enfin admettre les voix des Autochtones.

On lit autochtone, on écoute de la musique, des films et des balados autochtones. On voit de plus en plus d’Autochtones à la télévision, au cinéma, jouer autre chose que des rôles typés.

Les choses changent petit à petit. Mais il reste encore du chemin à faire.

Faut se parler

Je vous avoue que ce numéro dédié aux communautés autochtones n’a pas été facile à faire. De la trentaine de perches tendues à des interlocuteurs autochtones, très peu ont répondu. Nos appels répétés à des journalistes autochtones à qui nous aurions aimé céder des pages n’ont pas eu de retour.

En cherchant à savoir pourquoi, les personnes qui nous ont répondu nous ont expliqué: les Autochtones sont fortement sollicités par les médias en juin, le mois qui leur est consacré et beaucoup moins le reste de l’année. La pénurie de main-d’œuvre touche aussi les communautés, tant les journalistes que les personnes chargées des communications. Ils se font toujours poser les mêmes questions par rapport aux problèmes sociaux, plutôt que de parler de la musique, de la réalisation ou de l’œuvre qui les démarque.

Si, à L’Itinéraire nous avons établi une tradition en publiant un numéro «spécial Autochtones» tous les 15 juin depuis cinq ans, il faut dire que nous avons également parlé des artistes, politiciens, des causes et d’autres sujets autochtones dans diverses éditions du magazine et nous continuerons de le faire.

En conclusion, si on veut aller plus loin pour effectuer un plus grand rapprochement, une réelle réconciliation, il faut se parler, se voir et s’entendre. Mutuellement et équitablement.

Vous venez de lire un extrait de l’édition du 15 juin 2023. Pour lire le texte intégral, procurez-vous le numéro de L’Itinéraire auprès de votre camelot ou abonnez-vous au magazine numérique.