Depuis novembre, presque tous les jours, Annie Bélanger, intervenante psychosociale, et son partenaire de travail Java, se rendent au palais de justice. Java est un gros chien noir attendrissant qui aura bientôt trois ans. Les chiens d’assistance comme Java sont de véritables toutous vivants qui ont un effet calmant, donnent de l’affection et apaisent. D’où sa présence auprès des victimes de violence conjugale et sexuelle.

Java fait partie d’un quatuor de chiens jumelés à des intervenantes du CAVAC (Centre d’aide aux victimes d’actes criminels) dans quatre régions du Québec. Lincoln, Scala, Falkor, et Java sont des labernois, issus d’un croisement entre un labrador et un bouvier bernois. Il s’agit d’un type de chien élevé par Mira considéré comme idéal pour travailler auprès des victimes dans les palais de justice.

Des chiens plus gentils

Ces quatre chiens constituent le nouvel outil des CAVAC dans les tribunaux spéciaux pour aider les victimes de violence conjugale et sexuelle à traverser des moments difficiles comme celui de se présenter à la cour. Ils proviennent de l’élevage de labernois de Mira, qui est un des partenaires clés du ministère de la Justice dans ce projet-pilote.

Le labernois est retenu pour devenir chien d’assistance et de soutien seulement s’il présente les qualités les plus importantes, soit: « l’obéissance, une grande capacité à se montrer disponible à de nouvelles personnes quotidiennement, et amoureux des gens en général », indique Nicolas St-Pierre, directeur général de la Fondation Mira.

« Après avoir vécu un an en famille d’accueil, ces chiens soigneusement sélectionnés, ont été entraînés pendant plusieurs mois pour faire ce travail délicat. »

Dès son arrivée au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield, Annie Bélanger, en compagnie de sa chienne, se présente à la victime et lui dit qu’elles sont là pour alléger son stress au maximum. De la présentation de la preuve à la peine, en passant par les plaidoiries et le verdict, toutes les étapes sont difficiles.

Ainsi, les victimes font connaissance avec Java, la flattent et peuvent même la coller, pendant qu’elle se couche à leurs pieds sans broncher, parfois pendant de longues heures. Le chien se transforme alors en un toutou réconfortant, la personne se libère en paroles, tente de trouver les bons mots. Les émotions fusent et la peur se dissipe. Après seulement trois mois, Annie et Java sont devenues une équipe d’intervention essentielle au tribunal.

La magie opère

Au contact de Java, la magie opère. Annie Bélanger explique: « Les victimes gèrent visiblement mieux leur stress, ils peuvent la flatter longtemps, lui parler. Tout ça diminue l’anxiété, laquelle peut souvent monter durant les longs délais d’un procès. »

L’intervenante, qui a plus de 17 ans d’expérience avec les victimes d’actes criminels, raconte:

« J’ai pu remarquer que pendant le témoignage de l’accusé, la partie la plus difficile du procès, il y a vraiment un transfert d’émotions qui se fait lorsque la victime entend quelque chose de difficile. Le chien absorbe et sait comment demeurer rassurant. »

Java est encore en train de s’adapter à son environnement. Elle n’accompagne pas encore toutes les victimes durant leur témoignage: « On mesure encore sa capacité à rester couchée longtemps sur son caisson (pour être à la hauteur des mains). Elle sait qu’elle procure beaucoup de soutien, mais on doit s’assurer qu’elle est capable de le faire pendant de longues périodes. »

Vous venez de lire un extrait de l’édition du 1er avril 2023. Pour lire le texte intégral, procurez-vous le numéro de L’Itinéraire auprès de votre camelot.